La vie c’est un peu comme marcher sur un fil,

On a le droit de tomber, c’est d’ailleurs un passage obligé pour pouvoir remonter. Tomber ce n’est pas grave, c’est même essentiel, mais ça peut devenir un frein si on prend la fâcheuse habitude de se laisser aller, d’être absent.  Ce n’est qu’avec l’expérience qu’on peut apprendre les rattrapes qui nous permettent de tomber de moins en moins souvent. C’est la présence qui fait la force, et la volonté. La persévérance aussi. Il ne faut pas brutaliser, cela nous ferait aller contre le rythme du fil, il faut se maintenir tout en se laissant libre, ne pas se figer au moindre déséquilibre, ne pas paniquer à chaque obstacle mais expérimenter les rattrapes.

Il y a aussi l’idée que rien n’est acquis, jamais. On peut se perfectionner, prendre des habitudes, des réflexes, des postures, mais à chaque traversée on remet tout en jeu, il faut se concentrer autant la première fois que la centième, car sinon ça ne passe pas, même si on l’a réussi cent fois, si on n’est pas présent, ça ne passe pas.

Il y a aussi le fait que pour faire quelque chose de beau, on n’a pas besoin de montrer de la technique, de la performance, on peut être magnifique et dégager quelque chose d’émouvant, de fascinant et de presque merveilleux en marchant simplement, si l’on ose se mettre à nu et rester sincère sur le fil, être en confiance avec son porteur et se donner, s’offrir tout entier au fil et son élasticité, c’est comme cela que l’on pourra sentir le plaisir des figures, et le bien-être d’être un funambule sur le fil de la vie.

M.