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Sur les mains '' ''
1 octobre 2009

Distance - Le quotidien

Petit déjeuner.

Le matin je te réveillerais, même si tu aurais encore le temps de dormir une heure ou deux. Je te réveillerais en sortant de la douche et je viendrais me glisser dans les draps tièdes, ma peau nue contre la tienne, encore ensommeillée. Puis on boirait le thé ensemble, dans la lumière cuivrée des matins de bonheur. Pour une fois c’est moi qui te raconterais des milliers de choses dans un flot de paroles folles, laissant déborder tous les mots, toutes les idées qui me viendraient à l’esprit, mais toi, tu serais tellement fatigué, surpris d’avoir interrompu ta nuit, les yeux brumeux du regret de la chaleur du lit, que tu n’en comprendrais rien. Mais tu m’écouterais, sans rien dire, en souriant béatement à la vue de mes fantaisies trop matinales, ayant à peine la force de regarder ton visage vermeil dans le reflet miroitant du thé, engourdi encore par les tendresses de la paresse. Et alors moi je rirais de ta mine pâteuse et je m’en irais, si vite que tu n’aurais pas même le temps de t’apercevoir de mon départ.

Ce serait bien.

Oh oui ce serait bien, et puis aussi le soir en rentrant, ce serait moi qui serais fatiguée, à mon tour d’être lasse et à mon tour l’air abattu ! Je mettrais de l’eau à chauffer et sur un bon roman mes yeux ne résisteraient pas à la lourdeur de mes paupières qui se fermeraient, en m’emmenant bien vite dans une somnolence séduisante, en oubliant l’eau bouillonnante. Et au moment où on commence à se réveiller parce qu’on a froid, et que nos membres sont ankylosés après que la langueur nous a charmés et laissés à l’abandon dans la posture la plus inconfortable du monde, au moment où le somme devient pénible et qu’une indolence extrême s’empare de nous, à ce moment où l’eau brûlante est déjà tiède et se prélasse dans sa casserole, j’entendrais tes clefs dans la serrure. Oui c’est à ce moment que tu rentrerais en portant encore sur toi l’odeur des bois capricieux et splendides que tu aurais rencontrés dans la journée. Et puis tu me regarderais d’un air de dire « Non mais vraiment, on a idée de s’endormir dans des positions pareilles ! » et tu me serrerais dans tes bras pour me réchauffer, et je serais bien, et tu serais doux, et nous, tous les deux, on serait heureux, comme ça, le soir dans la pièce à l’air sec et ocre, heureux d’être là, d’être deux.

M.

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