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Sur les mains '' ''
27 novembre 2009

Réponse à MuMu - Paris

Ce petit mot est une réponse au tien, pour te remercier, pour te dire qu’il m’a fait énormément plaisir, pour te dire qu’il m’a touché jusque dans le petit creux de mon cœur qui n’est réservé qu’aux meilleurs. Mais ce petit mot n’est pas qu’une réponse, c’est aussi un bout de Paris, un petit morceau qui s’est échappé pour se glisser dans ma lettre.

Sens-tu cette odeur de café fumant ? Il est dix heures, il fait frais. On est en terrasse au niveau du pont Saint Louis et un rayon de soleil timide relève les coins de sourires. Entends-tu ces roucoulements sourds ? Ce sont les pigeons du jardin du Luxembourg qui s’empiffrent des poignées de grains semées par les vieillardes lasses. Ils picorent toute la journée, se gavent et les petites vieilles se réjouissent de les voir dévorer en se rappelant que soixante ans plus tôt ils étaient déjà là, quand elles venaient se promener en cachette de leurs parents avec leur galant du moment. Prête l’oreille un instant à ces coups de klaxons impatients, ils font rage dans toute la ville mais persiste, au loin, la musique du manège d’hiver qui anime la place de l’hôtel de ville, tu l’entends ce carillon vieilli qui tourne en boucle, obstiné, obstiné, sauvé par les rires des gamins amusés ? Et sens-tu la brise des jours pluvieux ? Celle qui se traîne en transportant lourdement les relents d’ivresse qui titubent dans la grisaille des ventres de ponts, et quelques paroles jetées en l’air dans l’insouciance des amours d’un soir. Tu la vois cette foule de touristes qui se bouscule devant un tas de ferraille ? Avec là cette fillette qui disparaît derrière une énorme sucette et ce couple d’aveugles qui voient avec leurs mains, avec leurs sentiments et avec toute la musique des odeurs et du vacarme parisien. Et là, tu le vois ce misérable qui chante avec son cœur, donne avec sa voix ?

Un bout de Paris, un morceau de cette ville géante, ville grotesque mais ville vivante et ville lumière.

Mais il y a aussi le soleil chaud dans le dos lorsqu’on est allongé à plat ventre sur la pelouse du bois de Vincennes, avec des mélodies plein la tête et plein les pieds. Il y a aussi le plaisir d’une cigarette partagée en regardant la Seine couler, couler, couler sans cesse à toutes les heures du jour et de la nuit. Il y a aussi ces trois filles qui se retrouvent et qui s’aiment, un peu partout, ici et là, sur le pont des arts et à Montélimar, elles rient et elles courent et ne veulent plus se quitter jamais. Pourtant elles reviennent à leurs occupations, à leurs vraies vies, leurs vies l’une sans les autres dans le quotidien parfois morose et parfois gai, parfois rose et parfois frais.

Il est six heures du soir. Le jour somnole, le soleil s’ennuie. L’air est humide. La bougie sur le bureau, la page blanche à noircir, le cœur vers les deux amies.

M.

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