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Sur les mains '' ''
30 juin 2009

L’homme de ma vie, un ami magique, le meilleur des meilleurs amis. Lui, je l’aime. Pour vrai et pour longtemps.

Je t’aime comme un encrier, qui a toujours une réserve d’encre quand je suis à sec. La plume, que je dirige et qui écrit ce que je décide, se trempe avant dans l’encre riche de l’inspiration. Ensuite elle forme sur le papier des lettres de ma main, qui, par mon écriture, mes mots et mes choix, ont tout de même la couleur bleu marine du liquide velouté. Il existe des ratures, qui nécessitent l’intervention d’un buvard, mais on ne peut ne pas écrire, et ces rayures sont avant tout de la peur, la peur de mal faire, la peur que la calligraphie ne soit pas si jolie que dans notre imagination, la peur de rendre copie blanche et de regarder son stylo plume d’un air désolé. Heureusement, si tu as l’onctuosité de l’encre, tu n’as pas son âpreté mais conserve sa profondeur, et la feuille vierge alors se noircit de belles phrases, et la ponctuation décousue de l’autobiographie se griffonne au fur et à mesure par l’encre qui coule dans mes veines.

Je t’aime comme des chaussons de fil, qui amortissent, à chacun de mes pas sur le fil rude, le contact du fer sur mes pieds nus. Parfois c’est à cause d’eux que je glisse car mon sort est entre leurs mains, et une semelle trop usée ou bien trop neuve n’est jamais si efficace que des chaussons habitués, car trop râpeuse ou trop fuyante. Je peux bien sûr me perfectionner par ailleurs, apprendre les rattrapes, m’entraîner sans relâche, travailler en musique et développer des techniques, mais les chaussons sont le lien entre le support et l’objet, entre le porteur et le voltigeur. Ils sont le point de contact essentiel, le détail qui n’en est pas un, l’intermédiaire qui permet de pouvoir continuer de s’entraîner dans le temps sans s’écorcher la peau. Soit ils n’évitent pas les chutes, et ils ne sont pas une solution magique pour réussir toutes les figures, mais ils permettent d’exploiter l’élasticité du fil et de chavirer vers l’improvisation tout en maîtrisant un enchaînement. Ils sont tout autour du pied, prennent soin de lui en le protégeant des coups, et le pied, lui, est en eux, siégeant la comme une présence convenue. Le fil est capricieux, souple et rigide, doux et rugueux, et les chaussons, eux, sont la couche douillette qui permet de marcher sans crainte sur le fil de la vie.

Je t’aime comme un métronome qui me soutient, à partir duquel je peux jouer toutes les mélodies que je veux, car je sais que je ne perdrai pas le rythme. Parfois trop réaliste, mettant fin aux folies musicales dans lesquelles je me plais à me laisser aller, mais une présence. Même si elle peut être discrète en surface, même si les spectateurs n’en entendent qu’un son étouffé, ce tempo maintient tout le morceau, il est une sécurité apaisante mais c’est pourquoi si il n’y était plus, mon pied ne serait pas assez téméraire pour battre la mesure de lui-même, pour conserver la cadence aussi régulière et confortable, et les écarts, les notes échappées aiguës ou graves fuseraient comme autrefois mais ne seraient pas rappelées à l’ordre par le bruit sourd et mesuré du métronome familier, et réduiraient la partition à une feuille de papier illisible donnant naissance à une cacophonie gigantesque. Pourtant je t’aime plus qu’un métronome, car mon but n’est pas de réussir à jouer sans toi.


M.

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