Paroles d'un meilleur ami
J’ai envie de tout
lâcher. Depuis trop longtemps, j’ai envie de décrocher, de souffler. Je suis
perdu, complètement. Je ne comprends plus rien et elle elle est là je ne sais pas
quoi faire à chaque fois que j’y pense ça me trouble et ça fait mal, ça me fait
mal je reste bloqué. Depuis trop longtemps j’ai envie de pleurer. C’est comme
quand je prenais ces médicaments qui m’ont ruiné le cerveau, je suis pommé je
ne touche plus terre mais je ne m’envole pas.
Quand je suis
sorti tout à l’heure je voyais bien dans les yeux de mes parents qu’ils ne me
reconnaissaient plus. Je me transforme, Manon, je deviens comme tous ces petits
cons avec leurs petites chemises leurs petites coupes et leurs petites
chaussures. Et j’ai pas envie, j’ai pas envie Manon. Je veux pas devenir un
produit formaté, je veux pas être un pion et c’est ce qu’on est, toujours, on
est que des pions. Ils font ce qu’ils veulent de nous, on est des produits, on
rentre dans des moules, dans des petites cases et je ne veux pas être un
produit. J’en ai marre de débattre avec des droitistes à la con qui ont des
euros dans les yeux, c’est fatigant d’essayer de convaincre les autres. Je veux
parler avec des gens qui pensent comme moi.
Je crois, je sais
que j’ai déconné, je t’ai délaissée, je m’en rends compte maintenant. Et ces
discussions qu’on a eues… je les comprends, je m’en veux, je ne veux pas perdre
ça, je ne veux pas te perdre.
Mais on est trop
emportés dans leur monde, ils nous laissent pas respirer, on n’a pas le droit
de souffler, de s’arrêter, pour réfléchir, de se demander ce qu’on veut
vraiment faire, de se poser pour donner nous-mêmes un sens à notre vie. On n’a
pas le droit d’attendre. De regarder pour une fois passer le temps. De
respirer. Pour voir plus loin, au-dessus
de leur couche de connerie étouffante, de percer leur voile, ou même juste
ailleurs, autre part, dans une autre direction.
Je veux être
utile, je veux pouvoir apporter mon aide et ce n’est pas avec ce que je fais là
que je pourrais. Là je corresponds parfaitement à leur schéma, à leur exemple-type,
et c’est pas possible, c’est pas possible de vivre comme ça.
J’en peux plus, je
craque. J’ai envie de vivre. J’ai besoin de vivre. D’avoir du temps, de lâcher
prise, de relâcher la pression.
- Sois
un homme mon Léo, pas plus. Prends de la distance. Compte sur nous. Je t’aime.